Une heure avant que Benjamin Netanyahou trace une ligne rouge pour l’Iran dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait re-tracé à l’intention du Premier ministre israélien la Ligne Verte du peuple palestinien. Celle-ci représente la ligne rouge de son peuple pour négocier un accord de paix avec Israël, a-t-il affirmé.
Il a proposé une fois encore d’accepter qu’Israël garde 78 % du territoire de la Palestine mandataire. Ni plus ni moins. A ce propos, n’oublions que Ehud Barak a ressorti du grenier l’idée d’un retrait unilatéral sur une frontière provisoire, un plan qui convient admirablement à Israël et à lui seul. Abbas a vanté l’initiative de paix arabe, en indiquant que celle-ci avait récemment reçu la bénédiction des Etats non-alignés, membres de l’Organisation de la Conférence islamique. Encore une fois, cette initiative historique d’offrir à Israël la paix et des relations diplomatiques avec tous les Etats arabes et islamiques (l’Iran n’a pas fait d’objection) est passée par dessus de la tête de Netanyahou.
En septembre 1993, je regardais Abbas signer allègrement la Déclaration de Principes des accords d’Oslo sur la pelouse de la Maison Blanche. Durant les 19 années qui se sont écoulées depuis cette date, il a appris qu’avec les Israéliens le « temporaire » peut très vite devenir permanent. En effet, dans son discours de la nuit dernière, Netanyahou a presque complètement ignoré le conflit, l’occupation et les négociations qui sont depuis longtemps dans le coma. Elles ne méritaient pas son attention. Il s’occupe de l’héritier d’Hitler, qui a décidé d’effacer Israël de la carte.
Le dirigeant d’un Etat - considéré comme une puissance nucléaire (naturellement aux dires de sources étrangères) et qui refuse de signer le Traité de non prolifération nucléaire- a transformé l’enceinte de l’ONU en un spectacle traitant d’enfants maltraités. Il a exigé que la communauté internationale mette fin à cette menace. Dans le cas contraire, comme on le sait généralement, Israël saura se défendre lui-même.
De façon théâtrale, Netanyahou a fourni aux journalistes leur gros titre : « Bibi avertit que d’ici l’été prochain l’Iran aura atteint la ligne rouge ». Abbas s’est contenté de prévenir que les jours de la solution à deux Etats étaient comptés et que l’Autorité palestinienne s’affaiblissait. Si vous conjuguez ces deux avertissements, il se pourrait que lorsque l’Iran aura achevé son programme nucléaire, Israël devra achever son plan pour prendre le contrôle à nouveau de la Cisjordanie.
Pendant des décennies, Netanyahou a surfé sur le terrorisme arabe. Il l’a fait avec beaucoup de talent, jusqu’à ce qu’il devienne Premier ministre. Maintenant, que la terreur à l’encontre des Israéliens a diminué, surtout grâce à l’excellente coordination avec les forces de sécurité palestiniennes, les cartes de la terreur et des encouragements à la violence ont changé de mains. Le chef d’une nation sans état a présenté des chiffres secs : 535 attaques menées par des Israéliens contre des Palestiniens depuis sa dernière intervention à la même tribune ; 510 bâtiments palestiniens détruits, laissant 770 personnes sans toit sur la tête.
Quand Bibi a demandé aux dirigeants du monde d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes de destruction massive, Abbas leur a demandé de faire cesser les armes très conventionnelles mises en oeuvre par Israël : vol des terres et de l’eau, destruction des maisons et harcèlement des villageois, incendies déclenchés dans des mosquées, des moquées, arrachage des arbres et restriction des déplacements.
Netanyahou a présenté le « dossier » d’Israël en l’appuyant sur l’histoire d’un vieux peuple frappé par l’holocauste. Abbas a parlé de ici et maintenant. Il a traduit le « Jamais plus » en arabe, en déclarant « Jamais plus une autre Nakba ».
Il a fondé sa « cause » sur le droit international et les rapports des Nations-Unies, et en tenant compte de la politique américaine. Sa demande d’admission comme Etat membre de l’ONU attendra les élections américaines du 6 novembre. On dit (les Américains ne l’ont pas confirmé) que Obama aurait fait des promesses mirifiques à Abbas en échange de cette grande faveur. La récompense que les Palestiniens pensent mériter est un vote en leur faveur à l’Assemblée Générale ou tout au moins une abstention. Mais, ils attendent calmement.
Traduction HL pour l’AFPS.